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Les femmes dans l’hospitalité :
en quête d’égalité
À l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme, nous avons rencontré six collaboratrices de propriétés Relais & Châteaux ainsi que l'un de nos partenaires officiels qui partagent leur vision, leurs espoirs et expliquent comment elles contribuent à l’avancement de cette cause.
À l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme, nous avons rencontré six collaboratrices de propriétés Relais & Châteaux ainsi que l'un de nos partenaires officiels qui partagent leur vision, leurs espoirs et expliquent comment elles contribuent à l’avancement de cette cause.
Zoom sur Aggie Maseko Banda, lauréate du Trophée Woman of the year 2023 de Relais & Châteaux
Directrice de lodge et partenaire du Relais & Châteaux Royal Chundu-Luxury Zambezi Lodges en Zambie, Aggie contribue à la vie de la communauté locale en créant des emplois de jardiniers, couturières, peintres traditionnels, tisserands et pêcheurs, dans un esprit de partage de la culture zambienne avec ses hôtes. Aujourd’hui, les trois quarts de ses collaborateurs sont des femmes. En 2020, We Are Africa lui a remis le prix Shape Africa en reconnaissance de ses initiatives.
« L’égalité femmes-hommes dans le monde du travail est essentielle pour l’avenir, en particulier au Japon. »
Dans un pays confronté à une crise démographique, la place des femmes dans le monde du travail est une question cruciale, estime Kana Otowa, directrice générale du Restaurant Otowa à Utsunomiya et membre du COMEX de Relais & Châteaux.
Pourquoi faut-il plus de femmes dans le secteur de la gastronomie et notamment plus de femmes cheffes ?
Kana Otowa : Nous avons besoin de plus de femmes dans tous les métiers, pas seulement dans l’hôtellerie ou la gastronomie. Une mixité plus équilibrée entre les hommes et les femmes, les célibataires et les personnes mariées, les individus d’âges différents travaillant ensemble, amène des perspectives multiples dans le débat.
Quelle action ou quel objectif spécifique en faveur de l’égalité des genres souhaiteriez-vous mettre en œuvre en 2023 ?
KO : Mon grand espoir est que davantage de femmes rejoignent notre équipe. Au Japon, les emplois dans le secteur de l’hôtellerie-restauration n’intéressent pas vraiment les femmes à la recherche d’un poste à long terme, souvent à cause des longues heures de travail et des horaires tardifs. Nous avons désespérément besoin de conditions de travail qui soient attractives pour les parents et pour tous ceux qui doivent s’occuper de membres de leur famille.
Quel aspect des droits de la femme vous motive particulièrement ?
KO : L’égalité femmes-hommes dans le monde du travail est essentielle pour l’avenir, en particulier au Japon. Avec plus d’égalité entre les genres sur le lieu de travail, nous ne serions pas autant confrontés à la baisse de la fécondité, au déclin démographique et au vieillissement rapide de la population. C’est triste de constater que les gens doivent choisir entre une carrière et une famille, alors que l’un ne devrait pas empêcher l’autre. Je pense que devenir parent a fait de moi une meilleure directrice, car je suis plus à l’écoute de nos équipes.
« Notre plus grand défi est d’intégrer les personnes ayant un emploi à temps plein tout en assumant des “obligations familiales”. »
Claudia Bosch, propriétaire des Relais & Châteaux Casa Palopó et Villa Bokéh au Guatemala, concilie sa vie de mère et de manager.
Quels sont vos espoirs pour la future génération ?
Claudia Bosch : Je rêve d’un monde qui respecte les droits des femmes dans leur globalité. Mon plus grand souhait serait que les femmes vivent dans un monde où il n’est plus nécessaire de sacrifier un rôle pour un autre, car je suis convaincue que le travail donne du sens à la vie et nous rend dignes.
Quelle action ou quel objectif particulier en faveur de l’égalité femmes-hommes souhaiteriez-vous mettre en œuvre en 2023 ?
CB : Notre bureau est composé à 80 % de femmes. Notre plus grand défi est d’intégrer les personnes ayant un emploi à temps plein tout en assumant des « obligations familiales ». Pour ce faire, nous voulons mettre en place un dispositif d’aide pour le personnel ayant des enfants.
Quel serait votre conseil pour renforcer la place des femmes dans votre équipe ?
CB : Ne renoncez jamais à vos passions. Ce sont grâce à elles que vous vous épanouirez dans tous les aspects de votre vie. Ma mère, une femme forte qui a toujours valorisé les femmes, disait que si vous prenez soin de vous, votre famille se sentira heureuse et choyée.
« Je crois que les femmes apportent du style et de la finesse dans l’univers du vin. »
Forte de son expertise de directrice générale et sommelière du Bij Jef aux Pays-Bas, Nadine Mögling se consacre avec passion à la promotion des femmes dans le milieu du vin.
Que signifie l’égalité femmes-hommes pour vous ?
Nadine Mögling : Votre genre ne devrait pas influer sur la façon dont on vous traite : ce qui compte, c’est ce que vous êtes en tant que personne. J’espère que nous pourrons tous trouver le bon équilibre entre ce qui est facile et ce qui est juste. Nous devons analyser le caractère et le potentiel d’une personne pour voir si elle convient à un emploi et non pas empêcher une femme de prendre un poste simplement parce qu’elle est une femme.
Pourquoi est-il important d’avoir plus de femmes sommelières ?
NM : À l’heure actuelle, le secteur du vin est essentiellement composé d’hommes, ce qui n’est pas nécessairement négatif. Mais je pense que les femmes apportent du style et de la finesse dans l’univers du vin. Elles contribuent à le rendre plus accessible et moins intimidant pour un grand nombre de personnes.
Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui commencent une carrière dans le vin ?
NM : Ne laissez personne vous impressionner. Le vin est un secteur où l’on apprend en permanence et on ne peut pas tout savoir. Restez curieuse et avide d’apprendre : la motivation est la clé pour atteindre le plus haut niveau.
« Mon conseil aux femmes serait : parlez et vous serez entendues. »
Directrice générale d’Ahilya by the Sea en Inde, Smita Daruvala s’est engagée à faire entendre la voix de chaque membre de son équipe et à célébrer les succès de chacun.
Quel est votre principal objectif concernant l’égalité femmes-hommes en 2023 ?
Smita Daruvala : Je veux m’assurer que le mérite d’une idée revienne à la personne qui l’a eue, quel que soit son genre. Si une proposition vient d’une femme qui est la subordonnée d’un homme, c’est la femme qui doit être créditée de l’idée et de ses résultats.
Quel est votre conseil pour émanciper les femmes dans votre équipe ?
SD : Parlez et vous serez entendues. L’essentiel est de pratiquer. C’est un cercle vertueux : plus elles prendront la parole, plus on les écoutera.
Quel aspect du mouvement pour les droits des femmes vous motive particulièrement ?
SD : En tant que manager moi-même, je vois combien il est important de lutter contre les rôles stéréotypés liés au genre. Il faut absolument répondre aux besoins de formation et créer des espaces pour discuter de ce sujet dans les établissements.
« Le spa est un espace où la parité hommes-femmes est paradoxalement vue à l’envers. »
Federica Bevilacqua est la directrice du spa de L’Albereta en Italie. Dans un secteur dominé par les femmes, elle se sent concernée par la question de l’égalité d’accès aux opportunités professionnelles entre les genres.
Qu’est-ce que l’égalité femmes-hommes pour vous ?
Federica Bevilacqua : Cela ne signifie pas dire que les hommes et les femmes sont identiques, mais seulement que leur accès aux opportunités ne doit pas dépendre de leur genre, ni être limité par celui-ci. L’éducation, le travail, la responsabilisation et le leadership sont essentiels pour surmonter ces obstacles.
Trouvez-vous que la nouvelle génération perçoive cette question différemment par rapport à la vôtre ?
FB : Oui, surtout sur Internet, avec les campagnes sur les réseaux, les slogans ou le marketing. La nouvelle génération accorde beaucoup plus d’attention au langage inclusif.
Quelle action ou quel objectif en faveur de l’égalité des genres envisagez-vous pour 2023 ?
FB : La situation est que le personnel de notre spa est presque entièrement composé de femmes. Ici, les hommes sont pénalisés car les clients préfèrent généralement les femmes thérapeutes. Le spa a par conséquent tendance à être un espace où la parité hommes-femmes est inversée. Ce serait un pas positif si nous pouvions augmenter la proportion d’hommes dans notre équipe et améliorer leur image dans ce milieu.
« Avec 42% d’effectifs au féminin, la Maison Duval-Leroy est aujourd’hui hors normes dans l’univers masculin du champagne. »
Carol Duval-Leroy est une femme de convictions qui a su se faire une place de choix dans le monde du Champagne. Elle est, depuis 1991, à la tête de la Maison Duval-Leroy qui est l’un des partenaires officiels de Relais & Châteaux. Elle nous partage son expérience et sa vision en tant que « Femme de Champagne ».
Quel est votre regard sur l'évolution de la place des femmes dans le monde du Champagne ?
Carol Duval-Leroy : Dans le domaine des vins, les femmes apportent leur sensibilité, leur humanité, la finesse, leur palais et leur passion. Avec Sandrine Logette-Jardin, la première Cheffe de Caves dans le domaine des vins, nous partageons une même vision, l’envie d’innover et de proposer des champagnes d’exception. C’est un travail en tandem qui nous permet d’élaborer des champagnes élégants qui nous ressemblent.
Quelles sont vos actions au sein de votre Maison pour promouvoir l'égalité des genres ?
CDL : Je ne me suis certainement pas trompée quand, au sein de la Maison, j’ai fait la part belle aux femmes, à tous les niveaux. Avec 42% d’effectifs au féminin, la Maison Duval-Leroy est aujourd’hui hors normes dans l’univers masculin du champagne. Un joli score quand on sait qu’autrefois les femmes étaient interdites de visite dans les cuveries parce que selon une croyance bien enracinée, elles risquaient de faire tourner le vin !
Être une femme à la tête d'une maison de champagne, est-ce selon vous plutôt une opportunité ou un challenge ? Comment avez-vous réussi à vous imposer dans ce milieu ?
CDL : Dans le monde entier, et malgré tous les efforts réalisés et les avancées accomplies, les femmes ont plus difficilement accès que les hommes aux postes à responsabilités. Le P.-D.G. reste trop souvent un homme. Dans la vie, il faut savoir oser et parfois mettre un coup de pied dans la fourmilière. C’est un vrai challenge vis-à-vis du monde masculin.